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Article de presse le quotidien de Paris - 1991

Galerie grassion Racana paris

... l'autre est une jeune femme, Sylvia Lacaisse, sculpteur de son état et qui, des années durant, a façonné de fragiles esquifs à base de roseau, de ficelle et de cire, ou l'on devinait quelque réminiscence du voyage des morts cher aux cultures primitives et antiques. Mais Sylvia Lacaisse a bien changé.Elle est allée notamment en Amérique du Sud d'où elle ramène toutes sortes de fragments d'animaux naturalisés : des têtes de piranha, des peaux de serpent , des dents de tigre, etc...
Elle a aussi beaucoup regardé ce qui se fait avec le verre dans l'art plastique et dans le design depuis quelques années. Et de l'addition de ces deux sources d'inspiration, elle a sorti de nouvelles sculptures, sortes d'hybrides donc de mobilier et de taxidermie.L'incongruité d'un tel mélange n'est cependant pas l'unique attrait de ces œuvres; elles jouent en effet du climat d'inquiétude engendré par la superposition instable des multiples plaques de verre, séparées dans certains cas par des billes de métal qui semblent devoir se disperser en tous sens au moindre ébranlement. Sans leur dénier des qualités esthétiques, on peut dire que les œuvres de Sylvia Lacaisse constituent un danger permanent : il y a les têtes de poisson avec leurs crocs acérés et les cornes de bélier qui vous agressent, il y a les arêtes vives et coupantes du verre, il y a surtout la menace de l'effondrement et du fracas final. Sylvia Lacaisse à coup sûr joue à nous faire peur. Elle y parvient: on admire le travail, on s'amuse bien, puis soudain, lorsque le malaise commence à se faire sentir,on prend ses jambes à son cou.

Robert Fohr